jeudi 26 juin 2008

Review guitare...

Depuis le temps, fallait bien qu’sa tombe. Je vois la horde de smiles intempestifs n’attendant que le moindre terme technique dans cette review pour se moquer de moi… Un peu à la façon d’un « Hey Mick, et ta guitare c’est une Autralienne ? »… Bande de petits salauds, j’vous jure. Hé bien non, fort de toutes ces malheureuses expériences je ferai une review de ma nouvelle guitare électrique sur un ton plus organique et sentimental… Simplement pour essayer de vous faire ressentir les sensations que j’éprouve en étrennant ce « bout d’bois avec des cordes ».

Déjà l’aspect : une belle guitare neuve ça ne m’était pas arrivé depuis ma première guitare électrique… Et c’est avec un plaisir masochiste que je m’amuse à jouer sur des cordes toutes rouillées qui accrochent les doigts, tout comme le manche fraîchement vernis ne glisse pas comme s’il avait été parcouru des milliers d’heures. Mais c’est la découverte qui prime, découvrir ce que la petite bête a dans le ventre ou plutôt ce qui peut sortir de son ventre. Alors sans précipiter les choses je commence à jouer la guitare à vide, et elle sonne déjà très bien et avec netteté, gage d’une lutherie de bonne facture. Les notes coulent de source et c’est ça la force d’une guitare de grande qualité, les riffs et autres soli passent vraiment avec plus de facilité que sur les autres guitares, super impression en somme, je me prend pour une star… Puis vient le raccordement à l’ampli…

La phase préliminaire est alors d’essayer la guitare en son clair, 2ème phase de test.. Bon ben c’est la claque assurée, comment dire… Le son est claquant et percutant, selon la configuration choisie, les sons se veulent plus mordants où perçant, le spectre sonore et très vaste tout en tapant majoritairement dans les sonorités vintage, ces bonnes vieilles mélodies des années 60 & 70… Le deuxième point essentiel est la tenue des notes dans le temps, ce que les spécialistes nomment le « sustain »… En fait c’est la capacité de la guitare à faire sonner une note que l’on est en train de jouer pendant un temps plus ou moins long.. Logiquement, si vous avez bien suivi le raisonnement plus la note dure longtemps, meilleur est le sustain… Et dans ce cas précis c’est le pied total. Certains effets de jeu comme les vibratos qui font revivre crescendo des notes en voie d’extinction sont désormais possibles, ce qui ajoute un plus indéniable pour tout bluesman au feeling exacerbé.

Puis il faut commencer à chercher les sonorités un peu plus saturées, toujours dans un esprit blues… Ce genre de sonorité s’appelle « crunch », comme la barre chocolatée. Là encore la guitare assure comme une bête, en rugissant avec classe et distinction tout en montrant sa personnalité et c’est là que la partie de plaisir commence. Je peux m’exprimer, me libérer un peu après une bonne journée de boulot, sur un bon playback de blues en fond. C’est l’occasion de scruter un peu plus la palette sonore, de tripper dans les aigus, de s’faire plaisir un peu aussi, la guitare n’est pas juste un instrument d’art, il faut s’faire plaisir évidemment.

En conclusion, comme vous avez pu le comprendre, le gros avantage de cette guitare est qu’elle a une âme, une personnalité et un caractère qui lui sont propre. Il faut savoir l’apprivoiser, la comprendre pour savoir communiquer avec elle et par son intermédiaire. Alors oui, je suis un bon petit « geek tariste » mais c’est pour ces moments de plaisir que je suis fier d’en être un.

@+ sous le bus

mercredi 11 juin 2008

Richard Manetti & Romane (Soirée Manouche)


J’aime bien faire des concerts où je ne suis pas tout seul, paumé dans la masse de mélomanes… A plus forte raison quand j’emmène quelqu’un pour lui faire découvrir un certain type de musique… A plus forte raison lorsqu’il s’agit de ma dulcinée, et que j’y vois un moyen pas si innocent de lui faire découvrir un peu mieux mon monde à moi, un monde avec beaucoup de notes et de partage.

Pour une fois, nous nous pointâmes relativement tôt à la salle du New Morning en cette soirée saturnale, bien contents de trouver place assise (concert jasssss oblige) pour digérer une fondue savoyarde pas piquée des hannetons et copieuse comme toute fondue savoyarde se doit de l’être. L’occasion de prendre la température avec la salle, le public et la scène (qui se souvient de la citation du philosophe « sentir la scène... » ?). Une petite heure plus tard, l’ami Romane, les cheveux grisonnant au vent, annonce le menu de cette soirée. Son humour désormais connu de ma personne ainsi que sa bonhomie mettent immédiatement le public peinard, voilà un bon climat du pastis et de la pétanque qui s’installe, le vent frais du sud file entre nos 2 oreilles, le public est à point pour cette dégustation en plusieurs actes. Son speech fait l’éloge de Samois Sur Seine, bastion des Reinhardt depuis que le petit Django a laissé sa trace et a semé la graine artistique pour les générations à venir. C’est l’occasion pour l’ami Romane de faire un peu de pub pour le festival manouche de Samois Sur Seine en Juin et d’introduire la première partie de la soirée en l’occurrence le groupe de Cyrille Daudel.

Cette jeune chanteuse, assez intimidée pour ses premiers pas sur scène, ouvre le bal sur une prestation solo à l’aide d’une pédale à loops. Pour les noobs j’explique le principe : cette « machine » permet d’enregistrer puis de passer en boucle et simultanément plusieurs voix enregistrées en direct live. En gros ça se passe de la façon suivante : la chanteuse commence par enregistrer un petit gimmick (beat box, chant etc…) d’une dizaine de seconde qu’elle enregistre au moment où elle chante… Une fois le gimmick dans la boite, il se lit en boucle indéfiniment… par-dessus ce premier gimmick, la chanteuse en enregistre un deuxième et ainsi de suite… Au final, l’artiste se crée elle-même son accompagnement musical en direct live pour pouvoir chanter sa chanson par-dessus après. Logiquement, elle enregistre les « percus » en premier (par exemple un truc type beat box), puis la basse, puis les chœurs… et c’est parti mon kiki, elle peut chanter son morceau sur le fond sonore qu’elle s’est créé, c’est t’y pas merveilleux la technologie ? Donc voilà, c’est très appréciable, on sent vraiment la chanteuse construire son p’tit univers musical petit à petit, on assiste en direct à la naissance d’une chanson et c’est très sympa… Elle réitèrera par la suite sur une reprise de « Stand By Me »…

Une fois la p'tite performance terminée, le groupe au complet se pointe à savoir : guitare solo, guitare rythmique & contrebasse. Le quatuor nous régale de bon vieux standards Jazz et l’accompagnement porte très bien la voix vraiment jazzy diva de notre chère amie, l’ambiance « old jazz yeah feelin’ in the good time » est au beau fixe, la soirée se passe au mieux. Le guitariste solo a un sacré touché, propre, carré, en rythme, virtuose, inventif, mélodieux… Vraiment je ne taris pas d’éloges sur lui, j’ai même préféré son jeu à Richard Manetti (ils doivent avoir le même âge). Fin de la première partie, que du bon son dans les oreilles ça change du quotidien…

Un petit quart d’heure plus tard, L’ami Romane se pointe donc en compagnie de son fils Richard Manetti ainsi que du contrebassiste fou (je reviendrai sur cet attribut). En prenant ma place de concert je ne savais pas que Richard Manetti était le fils de Romane, ni qu’ils avaient fait un disque ensemble intitulé « Père & Fils « (très original, comme ne manquera pas de le rappeler Romane). Après une petite introduction humoristique, place à la musique : Comme on s’y attend, Romane prépare la relève et laisse donc le thème et le solo à son fils, se contentant de l’accompagner. Le jeu de Richard est assez vif et immature, il tente des trucs à la guitare qui ne rendent pas forcément bien (voire certains trucs ne sonnent pas du tout, échec et mat héhé), il manque un peu de réalisme, mais la virtuosité et la fougue de la jeunesse sont bien présentes. Il n’hésite pas à tenter des plans difficiles, à jouer avec du feeling, et ça se voit sur sa façon de jouer… Un peu à la manière de Julio Iglesias, on dirait parfois qu’il souffre quand il joue les notes et cette surexpression peut effectivement quelque peu agacer comme ce fut le cas pour Justine qui me déclara après « il en fait des tonnes, j’aime pas quand les musiciens font ça ». Le père Romane quant à lui est à son aise, son expérience des concerts, des jams, de la musique tout simplement lui permettent de faire face à toute situation… Il lui arrive même de se moquer de lui-même « Ouais pour ce morceau j’ai fait n’importe quoi je me suis énervé.. Non mais voyons, ça se joue pas si vite ce morceau, je comprends pas ce qu’il vous a pris… ».

Musicalement parlant le show part un peu en « impro jazzy vazy j’méclate personne comprend rien à s’que j’joue et vla kje joue mieux qu’toi » de temps à autre, mais cela est contrebalancé par quelques brûlots bien jazz manouche qui redonnent la pêche avec notamment la reprise de « rythmes futurs » de Django, la chanson où les gratteux peuvent montrer qu’ils ont une bien grosse… Guitare entre les jambes. Hormis le duo guitaristique familial, le troisième homme, contrebassiste de son état, était un sacré énergumène… Il n'a pas dû regarder ses mains plus d’une minute pendant tout le concert… Il préférait regarder ses partenaires, leur faire des signes, jouer avec eux au sens premier du terme… Même lors de ses impros il ne regardait jamais ses mains… Mais c’est pas possible y’avait un miroir ou quelque chose ?… Quand je me dis que j’arrive à décoller les yeux du manche quand je joue par peur de partir n’importe où et de jouer n’importe quoi, je suis en profonde admiration devant un type qui ne se soucie pas de regarder ce qu’il joue, vraiment chapeau l’artiste. De plus, lors de ses impros le bonhomme se parle à lui-même « Ah ouais, ça passe jamais quand je le fais, vous comprenez pas s’ke jveux dire » etc… Alors là pareil, quand je fais une impro, je réfléchis pas des masses, autrement ça donne lieu à des blancs assez embarrassants … D’autant que pour penser et jouer en même temps, il faut avoir un petit peu 2 cerveaux en même temps… Alors oui je me suis demandé « mais est-il constitué comme nous ? »… Bref c’est quand on sent qu’on a atteint les limites qu’elles sont repoussés…

Vient l’heure du « petit guitariste frustré, on va te dégoûter à vie de reprendre ta guitare », j’ai nommé le moment où Romane appelle son plus jeune fils de 14 ans, Pierre, avec son copain le petit Lévis… Reinhardt (11 ans)… Et là c’est la bonne blague, les 2 minots reprennent un titre de Babik Reinhardt et ils jouent trop bien… Vraiment c’est propre, technique, y’a du feeling… Okay les mauvaises langues diront « ils ont du pur matos (vieilles Gibson demi-caisse etc…) à plusieurs milliers d’euros… »… Ouais mais bon, le matos ne fait pas tout, on ne naît pas tous égaux de ce point de vue là… Et certains naissent clairement plus inégaux que le commun des mortels… Bref je tire mon chapeau à ces deux petiots là, pour qui le morceau était une partie de rigolade avec aucune prise au sérieux… Quoi qu’il en soit, leur potentiel est énorme, mais il leur faudra encore travailler et jouer sans relache pour atteindre la virtuosité… 5 % de talent et 95 % de sueur.

Voilà voilà, le concert s’achève avec un joyeux « big guitar band » où tous les protagonistes de la soirée jouent ensemble sur scène un dernier morceau. C’est donc avec le sourire que nous rentrons. Cette soirée m’aura réconcilié avec la musique française et aura sue prouver que nous aussi petits frenchies avons notre pôle d’excellence, dans le domaine du jazz du moins…

See Ya on the musical side of life

JayJay

vendredi 6 juin 2008

RATM Bercy 04/06/08



Bon cette fois-ci n’allez pas me dire que le groupe dont je suis allé voir la révolution hier soir est inconnu… Rage Against The machine est quand même Le Groupe qui aura marqué les années 90 avec toute son action entreprise en contrepouvoir de la politique des Etats-Unis. En effet, non seulement ces messieurs se sont payés le luxe d’amener sur la scène musicale une nouvelle mouvance fusion (rap/rock) mais de surcroît, ils ont mené un combat politique sans relâche contre le capitalisme, combat qui a eu un impact réel sur la société. Entre autres faits d’armes, lors du tournage du clip de « sleep now in the fire » devant la bourse de Wall Street, le bronx qu’ils ont foutu a obligé la bourse à fermer ses portes une heure avant l’heure habituelle, ce qui engendra des pertes économiques se chiffrant en millions de dollars.

A l’heure où Nirvana mourrait des suites du suicide de son leader, Rage - pour les intimes – baignait d’huile les mécaniques de sa machine de guerre, enchaînant les tournées et délivrant son message au monde entier. Dans toute cette histoire, moi jeune ignorant du haut de mes 8 ans, je découvrais les sonorités d’un « killing in the name of » par l’intermédiaire de mon frère qui me faisait écouter le « nouveau groupe qui passe à donf sur skyrock » en 1994. Alors oui c’était plus dur à écouter que The Offsprings ou les Smashing Pumpkins, et puis je savais pas très bien prononcer le nom du groupe… Je crois même avoir demandé dans la cour du primaire si les autres hé ben ils connaissaient « rage of Dance Machine »… Oui j’ai une excuse quand même, mais bon passons. Il m’a fallu attendre la 2nde pour recommencer à écouter ce groupe et l’apprécier, au même moment où le groupe nous livrait son ultime effort « renegades » qui sonnait le glas de la carrière du groupe. D’après les interviews, le groupe se séparait en bons termes, les musiciens n’ayant plus les mêmes orientations musicales. Sans y penser alors, toute la génération des « born in the 80’s » qui avait connu ce groupe étant jeune, trop jeune pour les voir en concert, passait à coté d’un monstre du rock, un show à voir une fois dans sa vie. Pour preuve que le groupe a su passer à la postérité, citons en vrac : toujours autant de jeunes qui découvrent et écoutent du RATM à l’adolescence, des jeunes adultes qui continuent à écouter les vieux classiques, comme par Nostalgie, « Killing In The Name Of » qui passe systématiquement en boîte pendant le quart d’heure « rock » (i.e le moment où le dj se croit mega rebelle et passe la même playlist partout en France : Noir Désir, Louise Attaque, Matmattah, U2, Offspring et… Rage Against The Machine… houlala quel privilège d’être invité au « panthéon » du rock pour les clubbers !!!).

Après cette longue introduction, venons-en aux faits. Année 2008, élections présidentielles US… Il n’en fallait pas moins aux Rage pour se reformer et semer le bazar once again ! Bon c’est sûr, avec Audioslave qui bat de l’aile, on peut comprendre la disponibilité des divers membres du groupe mais bon… Une tournée mondiale est annoncée et celle-ci passera par Paris. Dans l’urgence, au vu de l’annonce et du possible caractère bref de la tournée, les places pour le concert de Bercy se vendent à une vitesse record. Ayant prévu le coup par avance je choppe mes places peinard devant mon pc à l’heure où les billetteries ouvrent la vente… 15 min plus tard, quasiment tous les billets sont vendus en guichet et sur Internet et les premiers escrocs mettent en vente sur e-bay les places qu’ils ont achetées, 4 à 5 fois le prix réel… Bienvenue dans le monde réel, on se fait du biz’ et du fric sur le concert d’un groupe on ne peut plus anti-capitaliste, le contraste mérite réflexion… 4 mois après ce fait divers, c’est donc un 4 Juin au soir que je m’apprête à rejoindre des 2as de la délégation nancéenne des Mines pour assister au concert. La journée du 4 Juin est elle-même un contraste : quelques heures plus tôt, vêtu de mon costume 3 pièces, je défendais vaillamment mon bifteck armé de mon CV pour obtenir un poste chez EDF, on discutait de mes ambitions de carrière, de rémunération, de poste, de responsabilités dans un grand groupe comme EDF… Pour aller faire la révolution le soir même… Bel esprit de contradiction je me reconnais bien là dedans.

Arrivée à Bercy 19h, ça grouille de monde devant le Palais Omnisport de Paris Bercy, pas vraiment une salle de concert m’a t’on prévenu, mais qui a le mérité d’accueillir jusqu’à 18000 personnes. On passe le temps tranquillement avant le concert… à 20h00 on se décide à rejoindre la queue… Humm au moins 500m de file humaine un truc de dingue, mais bon qu’importe… Rentré peu avant 21h, on commence à s’installer dans la fosse vraiment énorme… 21h30, la foule s’impatiente, les ola s’enchaînent dans les gradins (les pauvres…) et on sent que la tension monte, les gens réclament du RATM… Peu après les lumières s’éteignent.

Un étoile rouge en guise de décor de scène s’illumine, et la version originale (Russe) de « l’internationale » passe à fond dans les enceintes ;.. Ok on a compris, vous votez pas Le Pen les gars ;)… Premières notes, premières bombes larguées sur scène : « Testify » premier titre de l’album « The Battle of L.A », suivi de près par « Bulls on the parade » (album « evil empire ») et ça s’enchaîne… On note quelques pauses où le groupe se ressource, on change d’instru, on boit un coup et c’est reparti… M’enfin c’est bien beau les gars mais… Comme qui dirait, ça manquerait t’y pas de communication des fois ? Okay vos messages passent dans les textes de Zack de la Rocha pendant les chansons, mais je sais pas, un pti « hello Paris , blabla », et de temps en temps entre les chansons, une ptite anecdote, pourquoi ils se reforment etc… ne serait pas de trop. Ah, on me dit à l’oreillette que c’est parce que le public sait déjà tout ça et qu’ils ne veulent pas se répéter… Peut être est-ce la raison… Pourtant, c’est bien dommage ce manque total de communication, car de la part d’un public qui attend tellement de choses d’un concert de ce calibre, ça fait un peu « on joue 1h30 et s’casse compris les mecs ? ».

Voilà, alors si on fait abstraction de la frustration du fan de base qui pense que RATM joue exprès pour lui à Paris et l’aime autant que le fan aime le groupe… Hé bien ça envoyait du gros ! * mode musicien geek on* Effectivement, Bercy n’est pas une salle de concert, par conséquent l’accoustique de la salle n’est pas top. Néanmoins, quand ça envoie de la sono, ça envoie de la sono. Le mix était assez bien foutu, la basse pas trop présente, la voix qui ressort (m’enfin c’est Zack de la Rocha quand même), la gratte qui sort ce qu’elle veut, un bijou, bref c’est du bon. Et puis Tom Morello, le guitariste (enfin je sais pas si on peut appeler ça un « guitarste »)… Lorsque j’ai acheté ma première guitare électrique, le pote de mon frangin avec qui on était allé l’acheter m’a dit ceci : « tu vas voir, maintenant que tu fais de la gratte électrique, tu vas plus écouter les disques de la même façon, tu vas faire vachement plus attention à la guitare par rapport au reste… » Vindieu, c’est qu’il n’avait pas tort le bougre ! Et cette réflexion est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit de RATM…

Plus jeune, en écoutant les disques du groupe y’avait quand même pas mal de sons bizarres dans les soli etc… En somme on pouvait se dire « ouais y’a un mec qui scratche aux platines derrière… » Et puis mon frère a acheté l’album éponyme, et un jour en lisant le dos de la pochette, voici ce qu’il était inscrit « all the sounds of this album were recorded with only a voice, a guitar, a bass, and drums »… Je n’y avais pas prêté plus d’attention que cela, jusqu’au jour où j’ai vu un live dans lequel l’ami Morello exécutait un solo en live… Bon ben Ok grosse claque, « mais comment fait-il » ? Après quelques années passées dans le monde de la guitare électrique je sais un peu quel matos il utilise et quels effets de jeu sont utilisés dans les soli… Hé ben chapeau l’artiste, parce qu’outre l’originalité créative de sa façon de jouer, techniquement faut assurer sur scène, notamment le feedback (en gros c’est un effet de « larsen contrôlé », le mec se rapproche de ses enceintes avec sa guitare, le doigt posé sur une note sans la jouer et c’est cet effet de saturation qui « joue la note » comme si elle venait de nulle part avec une couleur très particulière). En réalité, c’est tout une approche de la guitare qui est à revoir, et bien peu sont ceux qui sont parvenus à un tel niveau de maîtrise qui permet d’une part de reconnaître la patte de l’artiste, d’autre part de créer quelque chose qui puisse s’imbriquer musicalement en adéquation avec le reste de la musique jouée par le groupe… Des mecs connus qui jouent comme ça, je ne vois que The Edge (U2) et Jeff Beck, ça fait peu en somme.

En fait, si on considère un peu RATM dans son ensemble de groupe, une section rythmique basse/batterie pourrait suffire à soutenir les textes du chanteur… Tom Morello est donc un peu un guest qui doit chercher comment combler l’espace sonore qui lui reste avec une telle configuration de groupe… Outre ses quelques riffs funky rock, les couplets, les soli .. Tout ceci est un champ d’expérimentation où il a la voie libre pour agir, mais en même temps où il se doit de coller à l’ambiance du reste du groupe pour produire quelque chose qui « sonne » , pas dans le sens conventionnel du terme justement…

Et le pari est réussi. Le voir jouer ses soli avec autant de classe et de gestuelle ça force le respect ! Enfin, je ne me suis pas seulement concentré sur lui, le reste du groupe n’a pas pris une ride non plus. Dans la fosse ultra remuante et suante, je ne fais qu’avancer, poussé par tout le monde qui remue derrière, bravant les pogos de mes bras musclés, je jumpe en rythme, aide à porter un djeun’z tokio hotel-like qui s’est évanoui vers les secours, me repose 5 min sur les cotés, et finis le concert tout devant, là où les gens sont tellement compressés qu’ils ne peuvent plus bouger mais profitent en même temps d’être à 5 mètres des musicos… Un pur condensé de concert comme on les aime, et comme je n’en avais plus fais depuis bien longtemps… J’me sens jeune tout à coup !

Je laisse la dernière phrase au groupe :

“It has to start somewhere
It has to start sometime
What better place than here
What better time than now”

Guerilla Radio