dimanche 29 mai 2016

Raul Midon – New Morning – Le 18 mai 2016



Notre monde est guerre, les médias ne manquent pas de nous le rappeler, surfant sur un sensationnalisme scabreux et suintant le souffre, brandissant le spectre de Daesch au moindre sursaut de soupçon de volonté de s’ôter de l’esprit que l’atmosphère est morose, avec en prime la sinistrose du pouvoir d’achat du panier de la ménagère… Et pour ne rien ôter à cette foutue société s’enfonçant avec complaisance dans la médiocrité, Prince nous a quitté voilà moins d’un mois, emportant avec lui un rayon de funk, une pincée d’impertinence, un bruissement de détermination, quelques bribes de folie, désenchantant un peu plus la surface de la Terre.
Lentement, dans les soubassements de cet univers créateur mû par une force implacable insufflant le changement perpétuel, il semblerait que Raul Midon ait trouvé le levier de vitesse lui permettant d’enclencher la seconde, lui qui marche sur les pas de Stevie Wonder. Chronique retentissante d’un concert, au bas mot, de l’année.
Salle comble, ambiance intimiste, comme d’hab’ une heure de début de concert non respectée, la tension monte gentiment. Enfin, on nous annonce El artista … Raul Midon !
Seul sur scène malgré les multiples instruments qui l’entourent (: guitare, piano, bongos, microphones), celui qu’un passant à l’extérieur nommait « l’aveugle argentin » (qui, accessoirement est un musicien soul… Dingue ce besoin de raccourcis systématiques pour identifier quelqu’un et caser 3 références compte triple de mes 2 !), donc oui le mec un peu basané qui tire une gueule bizarre et regarde pas les gens dans les yeux, Raul de son prénom, débarque sur scène pour entamer le concert en solo (enfin, non puisqu’il est accompagné jusqu’à son micro… Bon OK j’arrête les vannes à 2 balles). Pas intimidé pour un sou, Mister Midon nous déclare qu’il va jouer un morceau de son prochain album « Middle Pedal » si j’ai bien compris… Pas besoin de plus de 30 secondes pour comprendre qu’on va prendre une sacrée claque musicale ce soir là. L’acoustique est irréprochable, la voix ressortant de manière limpide (indispensable quand on a la chance d’écouter un chanteur à la voix soul aussi pure) et la guitare bien percussive pour faire péter le groove. D’emblée, le truc qui calme, c’est l’ambivalence entre d’un coté le jeu de guitare très musclé de Raul Midon avec des mains très crispées effectuant des mouvements saccadés, et de l’autre, son visage zen à 2 km, le mec chante comme si de rien n’était. Pour vous faire une idée de la chose, essayez donc de soulever l’armoire normande de votre arrière grand-mère tout en chantant avec un air décontract’ /Insérer air que vous chantonnez sous la douche/
Non content de nous en mettre plein la vue (pas mal pour un aveugle ;)) avec son jeu époustouflant de guitare, Raul alterne les acrobaties musicales : imitations de la trompette lors de ses impros vocales, impros guitare puis voix empruntes de virtuosité, mélange de bongo + guitare en accompagnement, morceau instrumental complet à la guitare… On sent que le mec est pas là pour enfiler des perles et enfonce le clou un peu plus à chaque morceau. Seuls bémols : la redondance des titres (certains morceaux du prochain album sentent franchement le déjà-entendu) et ce besoin irrépressible de foutre des soli de guitare un peu partout. Autant y’a de quoi être soufflé par son jeu rythmique de guitare, ses impros « trompette » ou encore sa superbe voix soul, autant ses soli systématiques à chaque morceau sont de trop, notamment lorsqu’ils tombent comme un cheveu sur la soupe en plein milieu d’une balade telle « when you call my name ». Imaginez une atmosphère mélancolique qui s’installe avec le couplet, un refrain salvateur qui vous porte au ciel dans une délicate envolée lyrique et bam d’un coup : solo de free-jazz avec 150 000 notes à la minute -> Et oui mon bon Raul t’es tombé dans le piège du gratteux qui, tout fier de maitriser de nouvelles techniques, en fout de partout avec mauvais goût.
Booooon, ce léger faux pas sera compensé par les tubes imparables de sa discographie, exécutés d’une main de maître (« don’t take it that way », « sunshine »), voire complètement réinterprétés par rapport à leur version album (« invisible chain »), nous rappelant que le bonhomme commence à avoir une belle collection de tubes bien rodés par les nombreux concerts à son actif.
Enfin le final avant rappel fut un véritable moment de magie. Raul invite un certain Jean-Philippe qu’il traite de « badass » (en musique, ce qualificatif évoque pour moi un musicien doté d’un sacré sens du rythme, capable de trouver des lignes rythmiques diaboliques qui te font hocher la tête sans répit). Un mec avec un look minimaliste, également aveugle, arrive sur scène avec son instrument : une sorte de mélodica. Après une rapide balance, Raul Midon entame son plus gros tube « State of mind »… Dans un premier temps, Jean-Philippe l’accompagne en balançant une ligne de basse salement groovie en accompagnement du morceau … Puis les 2 compères se lancent dans une série d’impros qui ne sont pas sans nous rappeler les heures les plus lumineuses d’Herbie Hancock et ses Head Hunters dans les 70’s, un Raul Midon qui ne sait plus à quel saint se vouer : Marvin Gaye et Bobby McFerrin dans les aigus, Barry White dans les graves. A un moment donné, on sent que Raul a besoin de faire sortir un truc, quelque chose en réaction à ce monde qui s’enlise dans la contemplation de sa médiocrité : il nous balance un rap plein de groove et de paroles positives comme pour emmener l’ensemble du public vers l’excellence musicale… Et ça prend ! La fin du morceau est en fait une reprise du thème « Killer Joe » avec Raul réinterprétant la trompette de Quincy Jones et Jean-Michel la contrebasse de Ray Brown, la conclusion ultime qui redonne ses lettres de noblesse à l’expression « avoir un groove de Badass » !
Rappelé par les vivas du public, Raul remontera sur scène, un peu ému, pour une ultime balade d’au revoir. Quelque peu hésitant sur certains changements d’accords à la guitare, il nous montre enfin un visage humain qui rassure un peu le musicien frustré ce soir là que je fus devant tant de virtuosité !

Pour aller plus loin - Des liens & de la musique :

- Le live de référence de Raul Midon avec Richard Bona - Marciac 2011 : https://www.youtube.com/watch?v=ppdymdxYwn8
- Killer Joe, un classique : https://www.youtube.com/watch?v=aASXNyc6xmY
- Chameleon, un standard des Head Hunters :
En 74 : https://www.youtube.com/watch?v=NQKzNIGphL8
En 2006 : https://www.youtube.com/watch?v=dBkoxR6eSQU

 

Playlist Beatles


Le diagnostic est posé : j'ai contracté la beatlemania. Je vous rassure, je ne crie pas dès que j'entrevois une photo du groupe ou un live, je n'ai pas constitué un autel avec des bougies, quelques poupées vaudous et des formules d'incantation magiques pour communiquer avec l'âme de John Lennon. Non. Simplement je reste admiratif devant l'héritage musical que nous a légué la bande de Liverpool. Autant de richesse dans les mélodies, harmonies et rythmes, dans les emprunts aux styles musicaux, en un mot : de l'émotion. Et tout cela en 12 albums et en 7 ans. Généralement, dans ce genre de situation, la première réflexion qu'on se fait donne quelque chose comme : « Comment j'ai pu attendre aussi longtemps avant de découvrir ce trésor ! ». il faut dire que le piège était de taille : le train du temps et de l'impitoyable culture populaire auront propulsé les Beatles au panthéon du groupe gentillet qui a écrit de jolies mélodies qu'on pourra reprendre en chantant tous ensemble au coin du feu, accompagné d'une guitare : Let it be, Yesterday, ou encore Imagine (alors que cette dernière a été écrite par Lennon après la période Beatles). C'est simplement occulter plus de 50% de ce que les Beatles ont composé et joué, avec de nombreuses surprises. Je n'ai aucun doute qu'après avoir écouté cette sélection que je me propose de vous faire découvrir ou redécouvrir, vous n'aurez plus la même conception de ce groupes de 4 gendres idéaux en apparence. Allez, c'est parti pour un voyage en musique au pays du Mersey beat en compagnie du redresseur de torts en chef de bord :

  1. Rock'n'roll
Première idée reçue à détricoter : l'idée d'un groupe gentillet jouant des mélodies sautillantes avec des paroles niaises à tout bout de champ. Pour cela, j'appelle à la barre :

  • Back in the USSR
Le bases du rock, simple et efficace, avec un John Lennon qui chante un peu à la Mick Jagger (rappelons-nous que les 2 groupes se fréquentaient dès les 60's...) ou encore une grosse influence Beach Boys sur le pont (à 1:10 par ex.),et enfin un solo de guitare bien affûté à 1:22.
En résumé : un titre qui illustre bien l'émulation musicale des 60's avec les plus grands groupes de rock de l'époque qui s'influencent mutuellement. Et un bijou musical pour la postérité !

  • Paperback Writer
En seulement 10 secondes, le parfait résumé de ce qui a fait entrer les Beatles dans la légende :
  • Des harmonies vocales divines !
  • En embuscade derrière, un riff de guitare de bad boy des banlieues de Liverpool rebelle jusqu'aux ongles et tellement efficace qu'il nous donne envie de tout faire péter !
  • La ligne de basse de Mc Cartney sur le morceau... Sincèrement toute la discographie des Beatles vaudrait le coup seulement pour ces fameuses lignes de basses : un groove impeccable, une musicalité hors pair et toujours, je dis bien toujours (et j'insiste:D) au service de la musique. En clair : un sens de l'équilibre qui témoigne d'un raffinement très développé.
Le reste de la chanson s'occupera de finir le travail avec une construction et une progression imparables jusqu'au final avec des harmonies vocales à tomber.

  • Taxman
Qui a dit que les Beatles écrivaient des textes « gnan-gnan » ? Ah oui, c'est vrai : I wanna hold your hand, she loves you, baby you can drive my car … Ok, certes, de l'aveu de John Lennon himself, pour les premiers albums, les Beatles ont eut tendance à expédier les paroles à la va vite pour se concentrer sur la musique... En d'autres termes, ils s'en foutaient un peu de ce qu'ils racontaient. Ce n'est qu'à partir de l'album Rubber Soul (1965) que le groupe fera un effort sur le sujet. Donc revenons-en à Taxman : chanson composée par Georges Harrison (je ferai un focus sur ses compos par la suite). Excédé d'être taxé à 96% sur ses revenus, le brave George imagine un nouveau super héros : Taxman qui viendrait tout taxer dans le quotidien des pauvres citoyens. Pour le coup, les paroles sont sarcastiques à souhait « If you take a walk, I'll tax your feet ». A noter, l'influence du générique de « Batman » paru tout juste avant cette chanson, notamment sur le « Taxman » : https://www.youtube.com/watch?v=1jgE-lrfZ3k

PS : là encore, la ligne de basse est un régal... Mais bon je vais arrêter de le dire, ça risque de virer à l'obsession.

  • Helter Skelter
(Première digression d'une longue série :) Un des aspects qui me fascine le plus dans la musique est la généalogie des courants musicaux. Dans le cas présent, les Beatles ont fait partie des pionniers du hard rock et du punk et ce, en 1968, quelques années avant l'émergence de Led Zeppelin (1er album en 1969) ou encore des Ramones (1975) ou des Sex pistols (1er album en 1977) :
Quelques exemples de l'influence directe de ce morceau sur ce qui allait venir par la suite : https://www.youtube.com/watch?v=2S_TY8OCONA

A écouter également dans ce registre :
Hey Bulldog
We can work it out
A Hard Day's Night

  1. Les origines

J'en parlais juste avant, tout musicien a ses propres influences qui façonnent son univers artistique. Dans le cas des Beatles, avec mes maigres connaissances, j'ai pu déceler les influences suivantes :

  • la pop et le rock des années 50 : en écoutant des titres du 1er album « Please Please me » (1963) comme Please please me ou encore Misery, je ne peux m'empêcher de penser aux succès des années 50 comme : https://www.youtube.com/watch?v=tbU3zdAgiX8. Des harmonies vocales, aux arrangements, en passant par les effets apposés sur les voix (reverb, écho), les guitares ou encore la batterie. En matière de rock, Roll over Beethoven est tout simplement un reprise de Chuck Berry l'un des pères fondateurs du rock'n'roll.

  • la country/folk US, qu'on retrouvera tout au long de la discographie du groupe, comme l'illustrent des titres tels que Get Back, Ballad of John and Yoko ou encore I've Just seen a face.

  • La « Musique de grand-mère de Paul(McCartney) » : citation due à John Lennon qui raillait volontiers son compère quand ce dernier présentait des chansons sautillantes et peu agressives, comme par exemple : Maxwell's silver hammer ou encore When I'm sixty four. On aura beau dire ce qu'on veut, ça reste de la pop de très bonne facture, un joli swing, des arrangements intégrant des orchestres classiques comme en témoignent des pépites comme Eleanor Rigby, Penny lane, The fool on the hill ou encore Because.

  • Les influences indiennes de George Harrison : pas ma tasse de thé (ex : Within you, without you), néanmoins, un apport intéressant dans des chansons comme Norwegian Wood.

  • Le blues : déjà dans la structure harmonique de bon nombre de morceaux qui ne sont ni plus ni moins que des grilles de blues en 12 mesures : Day Tripper, For you blue. Ensuite dans les progressions d'accords proche de cette grille de blues : Revolution 1,Enfin, dans les intonations vocales, écoutez donc ce stakhanoviste de Paul McCartney se déchirer les cordes vocales sur Oh ! Darling.

  1. Les Tubes

Évidemment, impossible de faire l'impasse sur cet aspect du groupe. Dans cette catégorie, ma préférence va d'emblée à Yesterday et Hey Jude. Je souhaite néanmoins revenir sur quelques points au sujet des tubes en général. Pour moi, ce qui fait qu'un tube vieillit bien est dû à 2 facteurs majeurs :

1) la qualité de base de la composition : enlevez tous les effets, toute la production du studio d’enregistrement et gardez uniquement la ligne vocale accompagnée du piano ou de la guitare … Vous entendrez tout de suite si ça sonne ou pas. Dans ce cas, ça marche plutôt bien : https://www.youtube.com/watch?v=44RB94H8HrE, dans ce cas, pas vraiment : https://www.youtube.com/watch?v=XZ3OLswKKAw : aucune ligne mélodique qui reste dans la tête et vous donnera envie de siffloter l'air à l'occasion, juste une diarrhée verbale. Et que fait-on dans ce cas pour quand même faire péter les 44 millions de vues sur Youtube ? … Pas besoin de vous faire un dessin.

2) Le travail du studio : soit on agit avec modération et 50 ans après ça envoie toujours le pâté : exemple avec Got to get you into my life, toute en classe avec des cuivres et un swing de bâtard : https://www.youtube.com/watch?v=bxhhFOnXs2M ou alors on fait dans le gros kitsch : https://www.youtube.com/watch?v=puZQmWQT50 avec un groove bien lourdaud (on n'est pas très loin de la danse des canards), un style de chant complètement inapproprié au morceau.


Par ailleurs, ce qui prouve qu'une chanson porte beaucoup de choses en elle se voit à la perpétuation de sa mémoire par des artistes qui la reprendront (par extension, on peut également mesurer l'importance d'un groupe au nombre d'artistes majeurs qui suivent et citent ledit groupe comme influence). Illustration avec Blackbird : cette chanson enregistrée par Paul Mc-Cartney accompagné de sa guitare acoustique à la fraîche, un soir d’été en 1968, à l'extérieur des studios d'Abbey Road, a été reprise par de multiples artistes d'horizons divers : Soul - Raul Midon, Rock - U2, Foo Fighters, Folk - Elliot Smith, Jazz - Bobby Mcferrin Brad Mehldau, Herbie Hancock, Bireli Lagrene/Sylvain Luc …
Pour ma part, voici mes 2 versions préférées : https://www.youtube.com/watch?v=RHKAZVaCBFE et https://www.youtube.com/watch?v=eE6PLFO_3PI … Au passage, une anecdote sur les paroles de cette chanson : j'ai longtemps cherché à comprendre ce que Mc Cartney voulait exprimer en parlant de cet « oiseau noir »... Tout s'est éclairé lorsque j'ai lu que cette chanson avait pour thème la lutte des afro-américains pour leurs droits. Heureuse ou malheureuse coïncidence que l'album sur lequel elle figure soit paru en 1968, peu après l'assassinat de Martin Luther King cette même année. Un argument de plus pour détricoter l'idée reçue selon laquelle tous les lyrics des Beatles sont niais et sans prétention.

  1. Les compos de George Harrison et Ringo Starr

Comme vous le savez peut-être, le tandem Lennon/Mc Cartney a écrit la très grande majorité des chansons des Beatles. Pour autant, Harrison et Starr ont proposé des compos bien souvent rebutées car considérées comme n'étant pas au niveau par le tandem leader du groupe. In fine, quelques-unes de leurs compos de haute volée seront disséminées dans la discographie des Fab Four :

Pour George Harrison :
  • Here comes the sun : une ode à l'optimisme qui fait état d'une grande maturité d'esprit. Encore une fois, on est loin du coté naïf des débuts.
  • While my guitar gently weeps : certainement la compo préférée des guitaristes du monde entier, avec en guest-star Eric Clapton à la guitare solo. Comme ça, en passant, une petite reprise de ce hit: https://www.youtube.com/watch?v=6SFNW5F8K9Y
  • Something : un feeling incroyable. Il paraîtrait que c'est le morceau qui aurait fait gagner le respect de Frank Sinatra au travail de George. Écoutez donc l'hommage émouvant à Georges Harrison suite à sa mort au début de la décennie des 2000's par ses anciens collègues : https://www.youtube.com/watch?v=E0xcSi7z4HA.

Pour Ringo Starr : Octopus's Garden, With a little help from my friend (bien que pour ce dernier morceau la compo soit de Lennon/Mc Cartney, l'idée étant que sur chaque album des Beatles, Ringo ait son morceau à chanter... Bel esprit collectif).

  1. Les mystiques et inclassables

Amis de l'avant-garde bonsoir ! Après m'être escrimé à tordre le coup aux préjugés, je me propose de vous emmener un peu plus en dehors des sentiers battus. En résumant grossièrement la carrière des Beatles, on peut distinguer 2 périodes : avant 1965, ils composent une musique dans la continuité directe de ce qui s'est fait jusqu'alors, avec de nombreuses reprises sur les premiers albums, des influences qui leurs collent aux basques. On peut ainsi considérer que leur personnalité ne s'exprimait pas des masses. A partir de 1965, plusieurs faits majeurs changent la donne et les amènent à créer quelque chose de véritablement nouveau : popularité mondiale acquise (= plus besoin de faire leurs preuves), décès de leur manager Brian Epstein qui les a guidés vers le sommet, découverte des drogues (Bob Dylan leur a fait découvrir la marijuana. Dans la foulée, ils découvrent le LSD alors légal à l'époque en Angleterre), arrêt des concerts en 1966 (les moyens de sonorisation de l'époque ne permettait plus de couvrir les cris du publics... les membres du groupe eux-mêmes ne s'entendaient pas jouer), voyage en Inde (qui n'aura pas que des conséquences heureuses), influence de Yoko Ono sur Lennon pour l'amener vers la musique expérimentale... Parmi toutes les expériences musicales qui en ont résulté, j'ai choisi quelques titres pour épicer un peu plus cette playlist :
  • Les mystiques : Accross the universe, Two of us (je pourrai également citer Lucy in the sky with diamonds ou encore Strawberry fields forever, moins à mon goût).

  • Les inclassables :
    • I Am the walrus : Si vous ne comprenez rien aux paroles tout va bien, dans le cas contraire, arrêtez de prendre des drogues hallucinogènes ! Dans sa démarche anti-conformiste, Lennon a volontairement voulu brouiller les pistes lorsqu'il a appris que les chansons des Beatles étaient étudiées à l'école en Angleterre. Pour y parvenir, il indique avoir composé les premières paroles sous acide, puis s'est laissé aller « au bluff comme le ferait Bob Dylan »... Bref du grand n'importe quoi, mais pas désagréable à écouter pour autant.
    • A day in the life : avec pêle-mêle : l'association de 2 bouts de compositions de Lennon et McCartney qui s'avéraient bien coller au niveau des textes, avec l'une contenue dans le rêve d'un autre, l'orchestre symphonique qui joue sans partition une montée en grande pompe (une hérésie à l'époque qui a failli coûter le départ des musiciens classique du studio lors de la session d'enregistrement, ces derniers n'étant pas, pour la plupart, assez ouverts d'esprits pour accepter ce genre d'enregistrement), ou encore l'accord de piano final tenu pendant 30 secondes. Pour ce dernier point, ça peut paraître banal aujourd'hui avec les moyens technologiques dont nous disposons, mais pour bien vous faire comprendre le défi de l'époque, amusez-vous à plaquer ce même accord sur un piano à queue (ou droit) et enregistrez vous … Inexorablement, vous vous apercevrez que le son s'estompe complètement au bout de 10 secondes max. Il fallut à l'ingénieur du son Geoff Emerick redoubler d'ingéniosité pour y parvenir (mais n'est-ce pas littéralement ce que l'on demande à un ingénieur ?).
Conclusion : filez écouter cette étonnante chanson !
    • Tomorrow never knows : pour cette chanson, John Lennon exigea laconiquement que sa voix à l'enregistrement sonne comme « le dalaï lama psalmodiant depuis le sommet d'une lointaine montagne »... Le genre de propos qui doivent, à n'en pas douter, réjouir les producteurs, et autres ingénieurs du son, dans la direction à prendre pour parvenir à satisfaire un musicien de la trempe de Lennon. On comprend ainsi un peu mieux comment autant d'expérimentations ont été possibles dans un contexte social en Europe et au Royaume Uni aussi rigide durant les 60's jusqu'à mai 68.

  1. La fin ?

Après les Beatles, il demeure à découvrir les pépites contenues dans les disques en solo de chacun des Beatles. J'ai commencé à m'y atteler, mais à chaque fois, je fais le même constat  : on ne sent plus cet esprit de collectif, 4 p'tits gars qui s'éclatent tellement à jouer de la zik' que ça transpire sur les enregistrements. Une page se tourne, un héritage demeure.

Pour conclure cette playlist, quoi de plus logique que de présenter l'ultime morceau du groupe, figurant sur l'album Abbey Road et qui porte le titre révélateur de The End. La petite anecdote sympa sur ce morceau est le solo (ou plutôt les soli) de guitare situé entre 0:54 et 1:30. Il s'agit en vérité d'une battle de guitare entre Mc Cartney, Harrison et Lennon qui jouent à tour de rôle 3 fois (toujours dans le même ordre) un mini solo. Il est saisissant d'entendre à quel point la personnalité de chacun transparaît dans son jeu de guitare :
  • Mc Cartney qui entame chacune des battles avec son groove bluesy et son attaque cinglante des notes en staccato.
  • Harrison le soliste du groupe qui exprime toute sa sensibilité dans ses vibratos.
  • Lennon qui cherche toujours à se faire remarquer et à faire du bruit, comme en témoigne ses motifs rythmiques répétitifs et agressifs + le son de guitare tranchant comme une lame de rasoir.

Et voilà, en synthèse, un bref aperçu du spectre... That's all folks !

mardi 10 février 2009

The All American Rejects … La blagueeeeeeeeuh !



J’ai pris un coup de vieux… En rentrant dans cette salle, au cri des groupies en furies, au rock pasteurisé labélisé US à la Plain White T’s… « Mais Bordel de merde, qu’est-ce que je branle dans un concert de teenagers moyenne d’âge 14 ans ??!! »

Revenons au commencement… Au commencement Dieu créa la lumière et la lumière fut… Oups jme suis gouré de récit.

C’était le cœur chantant que je retournais à la Maroquinerie, petite et coquette salle parisienne où j’avais revu No Use For A Name une semaine auparavant (super concert au passage, ils reviennent à leurs origines punk et ce n’est pas pour me déplaire). Cool me dis-je, je connais le chemin pour y aller. Je m’arrête donc station « Belleville », puis après une petite réflexion, je vois une rue qui monte « Ah ouais c’est vrai, il faut prendre la rue qui porte le même nom que la station de métro, la rue qui monte là ». Aussitôt dit, aussitôt fait. Je savais qu’il fallait pas mal monter avant de croiser la rue Boyer où se trouve la salle, pas d’inquiétude… Sauf que je finis par bien monter quand même, jusqu’à croiser une station de métro que je n’avais pas croisé la semaine passée en allant voir No Use… Bizarre bizarre, me serais-je planté ??? « Ah mais oui bien sûr il fallait prendre le boulevard Belleville et pas la rue… Qué couillon ! »… Tentant de déchiffrer le bout de carré faisant office de plan dans la station de métro, je fais confiance à mon instinct de chasseur… Grossière erreur !!! Le sens de l’orientation n’est pas mon ami c’est un fait… Mais quand je ne me souviens même plus de la rue exacte ET de la station de métro à laquelle j’aurais dû m’arrêter (à savoir « Ménilmontant »), je crois que je suis bon pour consulter le médecin le plus proche... Histoire d’enfoncer le clou je vous laisse admirer mon magnifique trajet pédestre qui m’a permis : de faire connaissance avec la rue Bisson et ses cités intra muros très accueillantes, des bars parisiens où les serveurs ne sont pas parisiens donc ne connaissent pas la maroquinerie et un petit resto oriental où on m’a enfin guidé vers le chemin de la rédemption…



Soit un parcours de 4 km alors que le trajet retour n’a fait que 500 m … Honte à moi.

Je n’étais pas arrivé au bout de mes surprises, revenons à nos moutons, ou plutôt à nos rejetons de l’Amérique puritaine.

Bon je vais vous épargner mon habituelle litanie « Ouais je me la pète je connais ce groupe depuis leur tout premier album, j’ai vu leur premier passage télé au Letterman Show pour le single Swing Swing blablabla »… Pour plutôt m’enfoncer un peu plus.

Résumons ce fameux groupe :

1) Un nom de rebelle puceau comme il faut « The All American Rejects » … « Ouais, c’est bon vazy ma mère elle veut pas que monte le son de mon ampli quand je reprends Sweet Dreams de Marylin Manson (euh au fait, c’est de Eurythmics à la base quand même ^^’) »… Bon passons OK.
2) Une musique bien pop rock calibrée avec la saturation toute propre sur les guitares : « putain les gars trop bien, ils ont inventé Swiffer pour la guitare électrique, les ados l’adorent et les mamans sont d’accord ! (Sunny Delight ©) », les grattes acoustiques/voix si chères aux fins d’épisodes des frères Scott, les mélodies accrocheuses comme il faut avec les paroles qui vont avec : « It ends tonight … Even when you heart comes down move along move along …. I wanna i wanna i wanna touch you, you wanna touch me too … » Attention, on ne rigole pas avec le song writing chez les All American Rejects, didiou !



3) Un chanteur qui ressemble comme 2 gouttes d’eau à Clark Kent (du moins dans la série Smallville)… Mais pas genre le bogoss qui s’ignore, non non il a bien mis la chemise blanche avec la moitié des boutons ouvert… Et les filles elles Kiffent !!! Ah bah ouais faut pas déconner avec ça, cris intempestifs avant/pendant/après chansons, refrains appris par cœur avec l’accord de Papa, et envoi de sous vêtements tout à la fin « Ouais j’ai enfin réussi à enlever mon soutif par la manche avant la fin du concert ! »

Maintenant, comme dans les films, faisons un arrêt sur image, au moment où je pénètre dans la salle, tout candide et accessoirement plein de sueur d’avoir couru toute la montée. Il est 21h04, le concert a déjà débuté depuis je ne sais combien de cris de groupies et je tente tant bien que mal de me frayer un chemin dans la salle obscure et remplie à bloc. La chanson finie, je suis interpellé par la réaction du public très enthousiasmé, ainsi que par la moyenne d’âge.

Musicalement parlant c’est pas mal du tout, on sent bien qu’ils ont de la bouteille, qu’ils ont tourné beaucoup et qu’ils sont en place. Les compos ont beau ne pas casser 3 pattes à canard, c’est carré, chacun sait ce qu’il doit jouer, je suis juste un peu surpris de voir 6 zikos sur scène, quand bien même il me semblait qu’à leurs débuts ils étaient 4. Si j’ai bien compris sur les anciennes compos, le chanteur reprend la basse et ils ne jouent plus qu’à 5.
Sur les parties « gratte au coin du feu, ce soir je vais pécho avec ma compo » la voix du mec s’entend clairement, c’est juste (limite trop, on dirait que c’est du playback). Sur les parties plus « rock vazy jsuis un rebelle obligé, mes parents ils me demandent de baisser le son pour pouvoir écouter les infos de TF1 », c’est un peu plus brouillon par moment et on a du mal à distinguer la voix, la rythmique et la basse… Mah bon passons, parce que le principal c’est que … Je kiffe ce genre de zik’… Je sais, j’ai pas arrêté de tailler en pointe le blason de ce chti groupe au point d’en faire un costard 3 pièces en saumon fumé … Et pourtant, ces mélodies ça me parle, ça m’émeut, au point d’avoir envie de reprendre tout ça avec ma gratte. Un peu comme Plain White T’s que j’ai vu à Rock en Seine l’été dernier, une recette archi usée, mais ça marche encore et encore, y’a rien à faire j’ai aimé ce concert dans l’ensemble, j’ai passé un bon moment… Juste un peu trop court…

Fin du rappel, il est 21h54, les lumières se rallument, je n’aurais eu droit qu’à 50 min de concert à cause de mon sens de l’orientation « perfectible » (ça y’est je parle comme un manager). En y réfléchissant bien, tout est inclus dans le pack « concert pour teenagers » : le chanteur en carton pâte, les compos livrées en Kit « Y’a plus qu’à assembler » et les horaires de fin qui permettent à Maman de venir nous récupérer pas trop tard parce que demain y’a école … Quand j’vous disais que j’avais pris un coup d’vieux ;)

Good ride on the Vibe,

Jayjay